Droits TV Ligue 1 : Canal + en sauveur

canal + en saveur

Si l’année 2020-2021 était une période particulière en raison du contexte sanitaire, elle l’est d’autant plus pour le football français qui doit faire face, en plus de la crise économique provoquée par la pandémie, à une chute considérable de ses revenus télévisuels.

Six mois après le rachat en grande pompe des droits TV de la Ligue 1, MediaPro a en effet lâché l’affaire, laissant certains clubs de football français dans une situation calamiteuse. 

Au-delà des aspects purement éthiques et économiques, le bouleversement provoqué par le scandale MediaPro nous rappelle à quel point la situation financière des clubs de football professionnels est liée aux droits télévisuels. Et si Canal+ a eu le dernier mot jusqu’à la fin de la saison – pour moitié moins que ce qui était prévu –, cet épisode ne fait que mettre en lumière une tendance qui s’observe déjà depuis des années : le manque d’intérêt flagrant des téléspectateurs pour la Ligue 1. Faisons le point. 

Les (belles) promesses de Mediapro

L’histoire commence à la fin de la saison dernière, lorsque le groupe MediaPro s’octroie, pour la somme faramineuse de 1,2 milliard d’euros, 80% des droits télévisuels de la Ligue 1 pour le cycle 2020-2024, la part restante allant à Canal+ et BeIn Sports. Du jamais vu pour le football français, qui se réjouissait déjà des retombées financières à venir. Le nouveau venu redistribue les cartes entre les différents diffuseurs. De leur côté, comme le présente Webfootballclub.fr, RMC Sports, BeIN Sports et Canal+ conservent les droits des coupes d’Europe ou de championnats étrangers.

Seulement voilà, quelques mois plus tard, il faut se rendre à l’évidence. Le géant sino-catalan a eu les yeux plus gros que le ventre, et sa stratégie spéculative est allée tout droit dans le mur. Car si le géant audiovisuel pensait rapidement rentabiliser ses investissements avec sa chaîne payante Telefoot, c’était sans compter le manque d’attractivité du championnat français sur le plan international, mais aussi national. 

Résultat, en février 2021, le groupe media accumule déjà plus de 325 millions d’euros d’impayés. Endetté jusqu’à la moelle, dos au mur face aux critiques, MediaPro n’a pas d’autre solution que de se déclarer en faillite, refusant de s’acquitter des versements restants. Les affiches peu alléchantes, les coûts d’abonnement trop élevés pour attirer un nombre suffisant de téléspectateurs, et la concurrence du piratage en ligne ont eu raison, en l’espace de quelques mois, des belles promesses de l’entreprise espagnole à capitaux chinois. 

CANAL +, comme solution temporaire

Avec la chute de Mediapro, c’est l’ensemble du football français qui sombre, totalement asphyxié par les effets économiques de la crise du Covid (sur les recettes billetterie notamment) et la défaillance du groupe audiovisuel catalan

Il aura fallu des semaines de tergiversation entre la Ligue de Football Professionnel (LFP), un appel d’offres raté, et des exigences de toutes les parties, pour que le 4 février dernier, la lumière apparaisse enfin au bout du tunnel. À travers un accord de gré à gré signé avec la LFP, le partenaire historique du football français, Canal+, récupère l’ensemble des droits de diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2, jusqu’à la fin de la saison 2020-2021. Une situation inédite, qui ne s’était plus produite depuis 2008. Au passage, Canal+ en a profité pour confier l’intégralité de la diffusion des matches de Ligue 2 à son partenaire BeIN Sports, dont elle est le distributeur exclusif

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Grâce à cet accord passé à hauteur de 203 millions d’euros, la LFP couvre donc le montant des trois échéances de 56 millions d’euros conclues préalablement avec MediaPro, et se dégage une confortable enveloppe supplémentaire de 35 millions d’euros. Au total, les clubs de football professionnels percevront donc un montant de 670 millions d’euros sur les 1,2 milliards d’euros prévus initialement, soit une baisse de plus de 45 % des recettes audiovisuelles budgétées pour la saison 2020-2021. Certains clubs, au bord du gouffre, risquent de ne pas s’en relever. 

Pour la LFP et les clubs français, il s’agit surtout de limiter la casse face à la débâcle du groupe Mediapro et de s’assurer un peu de répit en prévision de la saison prochaine. Car si l’accord avec Canal+ a donné un (tout) petit bol d’air au football français, reste encore à trouver un (ou plusieurs) repreneur(s) solvable(s) pour la diffusion des matchs des saisons 2021 à 2024. Les négociations sont d’ores et déjà ouvertes.

Un manque d’intérêt pour la Ligue 1

Mais surtout, cet accord passé en urgence ne règle pas le problème de fond du football français, miné depuis plus d’une décennie par un manque criant d’attractivité. Pour preuve, les audiences télévisuelles sont en chute libre. Si la saison 2007-2008 avait réuni une moyenne de 1 700 000  téléspectateurs par match, ils ne sont plus que 851 000 sur la saison 2019-2020 (en moyenne), soit une diminution de près de 50%. Et malgré l’arrivée en L1 de stars internationales du ballon rond, comme Ibrahimovic, Neymar, ou plus récemment Icardi, celles-ci sont encore trop rares pour que les grandes affiches PSG-OM ou OM-OL ne parviennent à faire rêver les amoureux de football. 

Face à ce manque de spectacle et à la hausse constante des abonnements télévisuels, les amateurs de ballon rond sont tentés de privilégier la voie du streaming illégal. Ainsi, alors que les audiences TV sont confrontées à une baisse drastique du nombre de téléspectateurs, les plate-formes de streaming, quant à elles, ne se sont jamais aussi bien portées. 

Vous l’aurez compris, la LFP a fort à faire dans les mois à venir pour remettre le football français à flot. Il en va de l’avenir de certains clubs, qui dépendent presque exclusivement des recettes TV pour survivre. 

Affaire à suivre, donc. 

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